mardi 21 décembre 2021

L'objet du blog

"Fadia Nicé" est parue en 2016 aux éditions Sansouire.
Cette bande dessinée historique raconte les aventures de deux jeunes esclaves vivant à Narbonne, puis à Ostie, à l'époque de l'empire romain.

Dans ce blog, vous trouverez une présentation de l'album et de l'urne funéraire qui l'a inspiré (onglet BD et Archéologie), et surtout le processus de la création littéaire, de la documentation, de l'imagination, de la réflexion (onglet Palimpseste).

Les onglets suivants racontent d'autres histoires.
Je me consacre dorénavant à de nouveaux projets, mais j'ajoute encore un texte de temps en temps.

Bonne lecture !

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vendredi 3 décembre 2021

Dédicace au Marché de Noël de Saint-Victor à Marseille samedi 4 et dimanche 5 décembre



Demain samedi 4 (16h30-17h30) et dimanche 5 décembre (15h-16h) je serai sur le stand des Amis de Saint-Victor au marché de Noël, place de l'Abbaye, 13007 Marseille, pour dédicacer ma BD "Fadia Nicé ou l'histoire inventée d'une vraie esclave romaine".

lundi 15 mars 2021

Tempo di Roma

J’habitais de l’autre côté du Tibre, dans le quartier du Transtévère. La rue était étroite, bordée d’immeubles hauts. Tous les matins, je laissais dans mon dos la place trapézoïdale où se tenait le marché. Je tournais à gauche, et puis à gauche encore dans la grosse avenue qui menait jusqu’au pont. Les autobus orange passaient lourdement, soufflant et ferraillant. Il y avait quelque part une église néo-baroque. J’y suis entrée une fois, par hasard. Un petit groupe de vieux fidèles, dispersés au milieu des bancs, reprenait, désespéré, une litanie toussée par des hauts-parleurs crachotants.
Le ciel est gris, parfois. Le trafic est bruyant et on presse le pas. Le pont vient sous mes pieds. La pierre du parapet est blanche. Du fleuve monte une humidité latente. Il a la couleur des yeux de Minerve, un gris argenté sur un limon boueux. Un peu plus bas à droite, sur la rive où je vais, se dresse la silhouette imposante de la synagogue de Rome, sa tour carrée, sa toiture verte et bombée, ses angles à la fois vifs et arrondis. Les voitures glissent sur le pavé. C’est surtout l’hiver. J’arrive sur le largo Argentina, où se croisent les bus orange. La façade du théâtre est plate, avec une niche en creux. Les immeubles prennent de la couleur quand le soleil y passe. Dans une fosse au milieu de la place persistent quelques ruines. Un cercle de colonnes arasées, le soubassement d’un ancien temple, les restes de la curie. C’est là, je l’apprendrai plus tard, que César fut assassiné.

mardi 2 février 2021

Le sens de la fête

Ma grand-mère faisait déjà des crêpes le 2 février. Chacun notre tour, il fallait les faire sauter en tenant dans l’autre main une pièce de monnaie. L’année serait prospère. Je ne perpétue pas cette superstition, mais les crêpes, oui, je continue de les préparer à la Chandeleur comme les générations qui m’ont précédées.

Pourquoi ? La gourmandise, bien sûr, fait partie de la fête, mais nous sommes repus toute l’année, et ce n’est pas la raison profonde. L’attachement à une tradition est fait d’une sensation d’épaisseur, dans le temps linéaire (la transmission) et dans le temps cyclique (la répétition), ainsi qu’à une conscience du collectif (tous ceux qui partagent cette tradition font les mêmes gestes au même moment). Ce serait parce qu’on se sent moins seul ? Pourtant, sensation ne fait pas sens.

Les praticants vous diront qu’ils fêtent aujourd’hui la Présentation du Christ au Temple et la Purification de Marie. Selon la loi de Moïse, tout garçon premier-né doit être consacré au Seigneur, et toute femme ayant accouché d’un garçon doit effectuer des rites de purification quarante jours après la naissance, quatre-vingt jours si c’est une fille(1). Respectant ces prescriptions, les parents de Jésus se rendent à Jérusalem avec deux tourterelles à sacrifier. Au Temple, ils rencontrent le vieillard Syméon qui vient au-devant d’eux, averti par une prophétie de l’Esprit saint, et qui désigne l’enfant comme « la lumière pour éclairer les nations et la gloire d’Israël ».(2) La date de Noël ayant été fixée au 25 décembre dans le courant du IVe siècle ap. J.-C .(3), la Présentation est donc fêtée le 2 février, 40 jours plus tard. Au cours du Moyen-Âge, après l’invention de la bougie, on fait bénir ce jour-là un cierge que l’on gardera précieusement toute l’année. D’où le nom de Chandeleur, attesté au XIIe siècle, de Festa Candelarum, la fête des chandelles. Cette fête clôt le cycle de Noël, qui est de plus d’une façon lié à la lumière.

Cela fait sens. Mais pour les autres ?

Nombreux sont ceux, me semble-t-il, qui se reconnaissent des traditions ancestrales sans plus avoir de croyances communes avec leurs ancêtres. Nombreux aussi sont ceux qui aimeraient comprendre ces traditions. Et si la dimension symbolique leur échappe largement, ou bien leur indiffère, ils en cherchent l’origine, pour leur donner au moins un sens historique. Et aujourd’hui l’histoire s’écrit… sur internet. La petite histoire, toujours la même à peu de variantes près. Sur la plupart des sites, on trouve les mêmes approximations et les mêmes erreurs, à qui la répétition, la répercution, l’amplification exponentielle sur la toile, donnent des allures de vérité. C’est redoutable.

Je ne prétends pas savoir grand-chose des origines de la Chandeleur. D’ailleurs, personne n’en sait vraiment rien car les sources sont très pauvres ou contradictoires(4). C’est pourquoi toutes les affirmations que vous lirez ici ou là sont à prendre avec beaucoup de précaution. La fête est connue à Jérusalem au IVe siècle et à Constantinople au VIe siècle. Pour Rome et l’Europe occidentale, c’est plus problématique. Elle y est attestée au VIIe siècle, mais certains placent son apparition en 494, sous le pontificat de Gélase. Ce pape énergique l’aurait introduite pour remplacer les Lupercales, grande fête de la purification dans le polythéisme romain, et qui était célébrée le 15 février.
C’est possible… mais rien n’est moins sûr. D’ailleurs, en patientant une petite quinzaine de jours, vous verrez que la saint Valentin est créditée des mêmes origines, en invoquant cette fois-ci non plus les les rites de purification, mais les rites de fécondité qui faisaient également partie des Lupercales. En fait, la seule chose que l’on sache avec certitude, c’est que Gélase s’est fermement opposé au maintien des Lupercales.(5)

Rien n’est sûr et ce flou me fascine. Ce changement majeur de civilisation, le passage d’une vision polythéiste du monde, animiste même par certains côtés, à une conception monothéiste et transcendante de la création, ne connaît pas de ligne de démarcation nette. En 494, un siècle donc après le triomphe du christianisme et l’interdiction de tout autre culte dans l’empire romain(6), on perpétue des traditions renvoyant à la fondation de Rome et aux jumeaux allaités par une louve, alors que personne ne croit plus ni à Mars ni à aucun des dieux ancestraux. D’ailleurs, les Lupercales de la fin du Ve siècle ap. J.-C. ne devaient plus ressembler que de très loin aux cérémonies des époques antérieures(7). Et même si Gélase n’organise pas le remplacement encadré d’une fête par une autre, des fêtes approchantes sinon similaires vont finir par s’instaurer dans le même temps de l’année. Elles perdurent jusqu’à aujourd’hui.

La permanence d’un geste dont la signification antique s’est perdue (comme pour nos vœux et nos étrennes du Nouvel An(8)), le remplacement d’un rite par un équivalent (comme ce fut peut-être le cas pour la Chandeleur), ou encore la superposition d’une symbolique nouvelle sur des pratiques persistantes (comme l’instauration de la fête de Noël fin décembre au IVe siècle ap. J.-C.) m’intéresse d’autant plus que nous vivons, me semble-t-il, un autre moment de passage d’une conception du monde à une autre. Rien de comparable avec la fin de l’Antiquité, car le christianisme, religion sur laquelle s’appuient une grande partie de nos fêtes et de nos traditions, ne me semble pas menacé de disparition. Néanmoins, le sens chrétien de ces fêtes se perd peu à peu. Les galettes des rois sont proposées à la vente dès avant le 25 décembre, et pour beaucoup, Noël n’a plus rien à voir avec la naissance du Christ.

Or nous avons besoin que les choses aient un sens. On peut avoir une pensée symbolique, une recherche spirituelle, même sans croire en aucun dieu. Et nous avons besoin de donner collectivement du sens à nos actes, à nos rites. Je ne trouve pas satisfaisant que Noël soit réduit, comme il tend à l’être, à une fête de l’accumulation des biens matériels. Il nous faut définir des horizons communs, où chacun trouvera du sens et de la profondeur, quelles que soient nos croyances ou nos incroyances. Peut-être un jour Noël redeviendra-t-il une fête des chrétiens ; peut-être fêterons-nous tous, quelques jours plus tôt, la lumière qui s’en va et renaît, le silence du solstice d’hiver, comme nous célébrons le solstice d’été en chantant. Instituée par le pouvoir politique en 1982, la fête de la musique a rencontré tout de suite une grande adhésion populaire. C’est sans doute que nous y voyons une occasion de partage, un événement où tout le monde peut et participer, bref que nous lui trouvons collectivement du sens.

Ne pouvons-nous pas en donner aussi aux autres moments qui rythment nos années ?

(1) Lévitique, 12
(2) Luc, 2, 22-38
(3) Claudio Gianotto, « L’Origine de la fête de Noël au IVe siècle », in Gilles DORIVAL et Jean-Paul BOYER, La Nativité et le temps de Noël, Antiquité et Moyen-Âge, Publications de l’Université de Provence, 2003, p.65-79
(4) https://croir.ulaval.ca/nouvelle/chandeleur-la-recherche-historique-stagne/
(5) Pour les latinistes, lettre de Gélase à Andromachus, édition Otto Guenther :https://archive.org/stream/CorpusScriptorumEcclesiasticorumLatinorum35.1/Corpus_scriptorum_ecclesiasticorum_Latinorum_35.1#page/n557/mode/2up
(6) édit de Thessalonique promulgué en 380 par l’empereur Théodose
(7) Pierre CHUVIN, Chronique des derniers païens, Les Belles Lettres - Fayard, 1990, p. 127 et 265, et Jean-Michel Carrié et Aline Rousselle, L’Empire romain en mutation, Des Sévères à Constantin, Seuil 1999, p. 356
(8) Françoise MONFRIN, « La fête des calendes de janvier, entre Noël et Epiphanie. La rencontre de 2 calendriers », in G. Sorival et J.-P. Boyer, La Nativité et le temps de Noël, Antiquité et Moyen-Âge, Publications de l’Université de Provence, 2003, p. 95-119

vendredi 30 août 2019

Corps sans personne (suite ou écho)

Quelques pièces de monnaie



Et après avoir publié ce texte Corps sans personne, je vois une photo dans un numéro ancien d'Archéologia, celle d'un moulage accroupi. La trace rematérialisée d'un homme. Il a tenté en vain de se protèger contre les émanations mortelles du Vésuve. Il n'est pas retourné à la poussière. Il est devenu plâtre.

Je connais cette image depuis mes premiers livres sur Pompéi. Mais jamais je n'avais vu, sur la caisse en bois où il est posé, toutes ces pièces de monnaie que des gens ont jetées à travers des grilles, dans la poussière où s'entassent des amphores et, sur des étagères, des tessons de tuiles.

Pourquoi ce geste ? Pourquoi cette petite monnaie ?
Parce qu'il est devenu plâtre ?
Offrande à la déesse de la renommée, parce qu'ainsi figé, il est passé à la postérité ?
Geste apotropaïque pour se préserver contre une mort soudaine ?

Mon étonnement frise la sidération.
Pourtant, plus je regarde la photo, et plus j'ai l'impression de comprendre...

Photo Béatrice Robert, Archéologia n°479, juillet-août 2010


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vendredi 12 avril 2019

Corps sans personne

Un nouveau texte



Je n'avais pas ajouté de nouveau texte à ce blog depuis longtemps. En voilà un, très court, à lire dans l'onglet ci-dessus :



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lundi 25 mars 2019

Salon de l'Antiquité 22-23 mars 2019

De retour de Lyon, où j'ai eu le plaisir de présenter "Fadia Nicé" au premier Salon du livre de l'Antiquité, organisé par le Festival latin-grec. De très belles rencontres, et des conférences passionnantes. Merci aux organisateurs !

mercredi 11 juillet 2018

Le palimpseste : fin

      J’ai cherché le geste d’un homme, son ultime tendresse pour une épouse chérie, entre ses mains serrant non plus la taille mince de l’étreinte première, non plus le corps malade et fatigué qu’il caressait hier encore, entre ses mains serrant une urne funéraire, le contact rugueux de l’argile sur les doigts. Plus rien ne lui restait, les yeux brûlés de pleurs. Avec une tendre précaution faisant durer ce dernier geste d’amour, déposer le fragile réceptacle des cendres de sa femme dans le modeste cube de marbre qu’il avait fait décorer pour offrir à Fadia Nicé l’espoir du souvenir. Que tes Mânes aujourd’hui se réjouissent, Fadia Nicé, du tréfonds de la terre, du royaume des ombres où depuis dix-huit siècles tu flottes sans matière, dans l’inconsistante errance, la douleur de ne plus être, que tes Mânes entendent mes paroles et qu’ils soient apaisés ! Ton époux n’a pas agi en vain. Je me suis souvenue de vous et j’ai dit aux vivants que vous avez été...


L’un des objets de ce blog est de raconter, non pas l'histoire inventée de Fadia Nicé (pour ça, il y a la BD), mais de raconter toute l'aventure de sa création : ma découverte de l'urne funéraire au Musée d'Archéologie méditerranéenne de Marseille, le travail épigraphique, mes recherches sur les noms qui y sont mentionnés, mes premières idées d'intrigue, la naissance des personnages, la documentation rassemblée, puis la rencontre avec les Éditions Sansouire et le travail d'adaptation en BD avec Jean Cubaud. Et, en filigrane, le passage d'une époque à l'autre, et l'interrogation sur la distance et la proximité qui nous séparent des hommes du passé.


Depuis le mois de septembre, chaque semaine ou presque, je vous ai raconté un épisode de cette aventure. Le "dernier état du palimpseste", publié fin juin, clôt cette narration. Je n'ajouterai plus rien à l'onglet "Palimpseste" : à vous, lecteurs, appartient la suite.

lundi 25 juin 2018


Sit tibi terra levis



Aux vivants d’aujourd’hui,
dire aussi qu’ont été ceux qui n’ont pas de nom,
car pas de sépulture

J’ai voulu montrer l’intime proximité qui existe entre nous et les hommes du passé, dans leur vie quotidienne, manger, dormir, s’occuper, malgré les grandes différences matérielles de nos modes de vie ; la proximité de notre rapport aux autres et de nos sentiments, amour, indifférence, soif de domination, compassion, empathie, haine, jalousie, notre commune peur de la mort et le même fonctionnement de notre cerveau qui nous impose le pourquoi dès l’âge de trois ans, notre nécessité de chercher des réponses et des explications.
Et à la fois l’extrême et intime distance qui nous en sépare, car les réponses qu’ils se faisaient, et celles que nous nous faisons, sont éloignées à l’infini. Ils ne pouvaient pas imaginer l’univers tel que nous nous le représentons aujourd’hui, et nous avons l’impossibilité absolue de faire abstraction de notre représentation du monde pour nous approcher de la leur. Si je dis : ils croyaient que la terre était entourée d’un fleuve circulaire qu’ils nommaient Océan, où est-ce que je mets l’Amérique ? Dans les étoiles de notre univers en expansion ? Et en les écoutant prier pour les Mânes et le Dieu souterrain des morts, qu’est-ce que je fais du Big Bang et du Paradis ? Qu’importe que j’y croie ou pas, il existe en moi des représentations du Bon Dieu ou de l’Amérique que je ne peux supprimer. J’aurais beau m’efforcer de les ranger au noir, de les faire glisser derrière l’écran où je projette les silhouettes et les pensées de Priam, de Fadius Secundus et de Nicé, il m’en reste la mémoire cache. Impossible à effacer. Le passé est réel tout comme le futur, et réel le pouvoir de Mémoire et de Temps qui nous fait participer de l’un comme de l’autre. Je n’en suis qu’une toute petite parcelle, et je me réjouis de mes limites qui me permettent d’exister, qui me font dire « je » ici et maintenant. Mais j’aime coller mon œil aux rares interstices de l’horizon du temps pour tenter de saisir un éclair de l’infime et immense vérité des hommes.


Vale æternum, Fadia Nice ! Sit tibi terra levis !



Texte à retrouver dans le Dernier état du palimpseste

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lundi 11 juin 2018

L'esclave gauloise de Pythéas (2)

L'esclave gauloise de Pythéas : La deuxième partie, "L'Arrivée" est en ligne



Une esclave de l'île d'Ouessant a embarqué sur le bateau de Pythéas. Elle aborde à Massalia où l'attend sa destinée...

"Après plusieurs semaines de navigation de port en port, où les gens parlaient une langue ressemblant à celle d’Uxisama, ils ont traversé un passage terrible. Des courants opposés se disputaient le bateau, une voile s’est déchirée. Malgré la bourrasque, Pythéas, à plat ventre sur le pont, accroché au bastingage, faisait des relevés et tentait de repérer le mont Kalpè au nord, et au sud l’Abyla : les colonnes d’Héraklès. Cela fait une lune et vingt-quatre jours qu’ils les ont passées. Elle entend les marins prier des divinités aux noms nouveaux pour elle. Mais depuis ce jour-là, la mer ne descend plus. Sans cesser un instant, elle prie la déesse qui dans son peuple, veille sur les marées. Dans le creux de sa main, le cône du coquillage sacré lui impose de ne pas montrer sa peur. Elle se tait. Les marins sont devenus fous. Ils ne se rendent pas compte du dérèglement des éléments, ils ont l’air de trouver normal que chaque soir, la mer soit haute dans leur port d’escale, et qu’au matin non plus elle n’ait pas bougé.
L’esclave gauloise se lamente en secret. Le sort de l’univers n’est pas le seul qui la préoccupe. Elle sait pourquoi on l’a embarquée. Elle sait que chaque soir qui se couche la rapproche de son destin. Elle commence à craindre son destin. Et cette folie des flots, de quoi est-elle le signe ?..."

à lire dans l'onglet "À suivre" :




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jeudi 31 mai 2018

L'esclave gauloise de Pythéas

In extremis, voici le texte du mois de mai : L'esclave gauloise de Pythéas (Première partie, le départ), pour voyager de l'île celtique d'Ouessant à Marseille la grecque.



Les marins du bord se moquent d’elle, parce qu’elle n’arrive pas à prononcer leur nom, ni celui du commandant de l’expédition : Pythéas de Massalia. Le destin de ces hommes est désormais lié au sien. Ils l’ont emportée. À cause d’eux elle a quitté son île. Sur le bateau, elle le sait, ils la laisseront tranquilles.
Elle quitte son île pour la première et la dernière fois. Elle le sait : elle ne reviendra pas. Son île, Uxisama, est au centre du monde, exactement. À certaines grandes marées, on y voit le soleil se lever au moment même où la lune se couche. Les druides savent ces choses à l’avance. Il faut en remercier les dieux. Elle regarde s’éloigner les hautes falaises grises. Elle garde dans le cœur l’image de son village et des champs alentour, de la lande où battent les vents, où fleurit la bruyère, où courent les lapins...

Lire la suite dans l'onglet "À suivre" :




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