lundi 15 mars 2021

Tempo di Roma

J’habitais de l’autre côté du Tibre, dans le quartier du Transtévère. La rue était étroite, bordée d’immeubles hauts. Tous les matins, je laissais dans mon dos la place trapézoïdale où se tenait le marché. Je tournais à gauche, et puis à gauche encore dans la grosse avenue qui menait jusqu’au pont. Les autobus orange passaient lourdement, soufflant et ferraillant. Il y avait quelque part une église néo-baroque. J’y suis entrée une fois, par hasard. Un petit groupe de vieux fidèles, dispersés au milieu des bancs, reprenait, désespéré, une litanie toussée par des hauts-parleurs crachotants.
Le ciel est gris, parfois. Le trafic est bruyant et on presse le pas. Le pont vient sous mes pieds. La pierre du parapet est blanche. Du fleuve monte une humidité latente. Il a la couleur des yeux de Minerve, un gris argenté sur un limon boueux. Un peu plus bas à droite, sur la rive où je vais, se dresse la silhouette imposante de la synagogue de Rome, sa tour carrée, sa toiture verte et bombée, ses angles à la fois vifs et arrondis. Les voitures glissent sur le pavé. C’est surtout l’hiver. J’arrive sur le largo Argentina, où se croisent les bus orange. La façade du théâtre est plate, avec une niche en creux. Les immeubles prennent de la couleur quand le soleil y passe. Dans une fosse au milieu de la place persistent quelques ruines. Un cercle de colonnes arasées, le soubassement d’un ancien temple, les restes de la curie. C’est là, je l’apprendrai plus tard, que César fut assassiné.

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