Fadia Nicé
ou l'histoire inventée d'une vraie esclave romaine
Texte de Laure Humbel. Dessins de Jean Cubaud. Éditions Sansouire, 2016
Au IIe siècle après J.-C., sous les règnes des empereurs Hadrien et Antonin, Priam et Nicé grandissent en Narbonnaise, dans le sud de la Gaule romaine. À la ville comme à la campagne, les deux enfants doivent compter avec la dure réalité de leur condition d’esclaves. Ils appartiennent en effet au riche armateur Sextus Fadius Secundus Musa, dont les garçons ne sont pas tendres avec les serviteurs. Mais les péripéties de la vie les emmèneront plus tard jusqu’à Ostie, le grand port de Rome, où ils connaîtront des jours meilleurs...
Ce récit s’inspire de deux documents épigraphiques : l’urne funéraire de Fadia Nicé, au Musée d’Archéologie méditerranéenne de Marseille, et le piédestal de la statue de Sextus Fadius Secundus Musa conservé à Narbonne. Ces inscriptions nous parlent de personnes ayant réellement existé. Entre les lignes, l’autrice a imaginé leur histoire, tissé des liens entre eux, elle leur a prêté des rêves, fait vivre des aventures, et le dessinateur leur a donné un visage. Attentifs à se tenir au plus près des connaissances actuelles, Laure Humbel et Jean Cubaud ont usé d’une grande rigueur scientifique dans la reconstitution historique et archéologique, la précision du trait n’excluant ni la poésie ni l’animation dans le dessin.Cet album s’adresse aux amateurs de fiction historique ainsi qu’à tous les lecteurs, petits et grands, qui se passionnent pour l’Antiquité.

Les auteurs
Écriture : Laure HumbelSpécialiste de l’Antiquité romaine, Laure Humbel a longtemps été médiatrice culturelle dans les musées de Marseille et enseignante vacataire à l’École du Louvre. En parallèle, elle a pratiqué la traduction littéraire dans les domaines de l’art, de l’archéologie et de l’histoire. Elle est l'autrice d'Une piétonne à Marseille (éditions David Gaussen, 2023), et de nouvelles publiées en recueils collectifs aux éditions Gunten, Librisme et Tiers-Livre. Elle travaille actuellement à une fiction autour de la Dame de Vix.
Adaptation et dessin : Jean Cubaud
Dessinateur d’abord, Jean Cubaud a un parcours varié qui va de l’illustration pour la publicité, à la bande dessinée et au dessin de presse : Actuel, L’Expansion, Géo, ou l’Express où il travaillera pendant 10 ans comme maquettiste. Il passe ensuite à la réalisation de dessins animés pour France 2, TF1, Arte ou France 3 : Les devinettes d’Epinal, Clémentine, Moi Renart, Barbe-Rouge, Poil de Carotte, les Histoires de Père Castor, Alix (déjà, en collaboration avec Jacques Martin). Puis il réalise un long métrage pour le cinéma : La légende de Parva. Il est aussi l’auteur d’une bande dessinée adaptée du roman de Pierre Mac Orlan : Elsa la Cavalière.


Pour demander le dossier de presse : sansouire[arobase]yahoo.fr
De l'objet archéologique à la bande dessinée
"L'objet archéologique n'est pas une fin en soi, c'est le début d'une histoire"
Elisabeth Veyrat, archéologue au DRASSM
L'urne de Fadia Nicé au musée d'archéologie de Marseille...
...et la première planche de la BD
Trois des personnages de cette histoire ont réellement existé :
Nicé, Priam et Sextus Fadius Secundus Musa.
Les deux premiers nous sont connus grâce à l’urne funéraire de Fadia Nicé avec
laquelle commence le récit. Elle est aujourd’hui conservée au Musée d’Archéologie
méditerranéenne de Marseille. L’inscription gravée sur cette urne nous permet
de comprendre qu’ils furent esclaves, puis affranchis, et que leur maître
s’appelait Sextus Fadius. Ils vécurent à Ostie à l’époque de l’empereur
Antonin. À cette même époque vivait un armateur du nom de Sextus Fadius
Secundus Musa, qui effectuait le transport de l’huile d’olive entre le sud de
l’Espagne et la capitale de l’empire romain. Il faisait partie des naviculaires
de Narbonne qui possédaient dans le port d’Ostie un comptoir, orné d’une belle
mosaïque. De nombreuses amphores portant le nom de ce marchand ont été
découvertes à Rome, à l’endroit où s’arrêtaient les bateaux qui remontaient le
Tibre et où les marchandises étaient débarquées. L’huile était versée dans les
grandes jarres des entrepôts, sur la rive du fleuve, et les amphores étaient
cassées et jetées à côté. Il y en eut tellement que cela a fini par faire une
colline artificielle, le Mont Testaccio. Mais Sextus Fadius Secundus Musa
habitait à Narbonne. Lors de la reconstruction après l’incendie qui ravagea la
ville en 145 après J.-C. (quelques années après la fin de notre récit), une
statue lui fut dédiée sur le forum, avec une longue inscription où l’on apprend
qu’il était né un 27 avril, qu’il était très riche et qu’il exerçait des
fonctions municipales et religieuses.
Ressemblait-il au personnage de notre histoire ? Nous n’en savons
rien, car la statue n’a pas été retrouvée, mais seulement son piédestal, que
l’on peut voir au Musée archéologique de Narbonne. Était-ce lui, le maître de
Nicé et de Priam ? Nous l’avons supposé, car c’est possible et même probable,
mais nous ne pouvons en être certains. Quant à la vie de Priam et de Nicé, il
nous a fallu l’inventer, de même qu’ont été inventés tous les autres
personnages de cette bande dessinée. Peut-être nos héros furent-ils, dans la
réalité, beaucoup moins bien traités que ce que nous avons présenté dans ces
pages. Sachant qu’ils ont fini par être affranchis, nous les avons imaginés
plutôt privilégiés. La situation de leurs semblables était en général bien plus
dure. Qu’ils travaillent dans les maisons, dans les champs, dans les bureaux ou
dans les mines, le sort des esclaves était souvent terrible. S’ils
n’obéissaient pas, s’ils tenaient tête à leur maître, s’ils tentaient de
s’évader, ils s’exposaient à subir les pires tortures ou à être mis à mort.
N’oublions pas ces hommes et ces femmes, très nombreux dans l’Antiquité, et
dont on ne parle pas souvent. N’oublions pas non plus que l’esclavage n’a pas
entièrement disparu de nos jours, et rendons hommage à ceux qui luttent contre
ce fléau.

L'urne de Fadia Nicé est conservée au Musée d'Archéologie méditerranéenne de Marseille. Elle fut trouvée en 1825 à Ostie. Elle est datée du deuxième siècle après J.-C. L'inscription se déchiffre sans peine.
D.M.
FADIAE NICE
CONIVGI - KARIS
SEX - FADIVS - PRIAMVS
Elle
signifie "Aux dieux Mânes. À Fadia Nicé, son épouse très chère, Sextus
Fadius Priamus". Elle est ornée de masques de tragédie, de têtes de
béliers dont les cornes soutiennent une abondante guirlande, et
d'oiseaux picorant des fruits.

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