mercredi 11 juillet 2018

Le palimpseste : fin

      J’ai cherché le geste d’un homme, son ultime tendresse pour une épouse chérie, entre ses mains serrant non plus la taille mince de l’étreinte première, non plus le corps malade et fatigué qu’il caressait hier encore, entre ses mains serrant une urne funéraire, le contact rugueux de l’argile sur les doigts. Plus rien ne lui restait, les yeux brûlés de pleurs. Avec une tendre précaution faisant durer ce dernier geste d’amour, déposer le fragile réceptacle des cendres de sa femme dans le modeste cube de marbre qu’il avait fait décorer pour offrir à Fadia Nicé l’espoir du souvenir. Que tes Mânes aujourd’hui se réjouissent, Fadia Nicé, du tréfonds de la terre, du royaume des ombres où depuis dix-huit siècles tu flottes sans matière, dans l’inconsistante errance, la douleur de ne plus être, que tes Mânes entendent mes paroles et qu’ils soient apaisés ! Ton époux n’a pas agi en vain. Je me suis souvenue de vous et j’ai dit aux vivants que vous avez été...


L’un des objets de ce blog est de raconter, non pas l'histoire inventée de Fadia Nicé (pour ça, il y a la BD), mais de raconter toute l'aventure de sa création : ma découverte de l'urne funéraire au Musée d'Archéologie méditerranéenne de Marseille, le travail épigraphique, mes recherches sur les noms qui y sont mentionnés, mes premières idées d'intrigue, la naissance des personnages, la documentation rassemblée, puis la rencontre avec les Éditions Sansouire et le travail d'adaptation en BD avec Jean Cubaud. Et, en filigrane, le passage d'une époque à l'autre, et l'interrogation sur la distance et la proximité qui nous séparent des hommes du passé.


Depuis le mois de septembre, chaque semaine ou presque, je vous ai raconté un épisode de cette aventure. Le "dernier état du palimpseste", publié fin juin, clôt cette narration. Je n'ajouterai plus rien à l'onglet "Palimpseste" : à vous, lecteurs, appartient la suite.